Courir entre ciel et terre

Publié le 23 mai 2016

Hi 🙂

Il y a plus d’un mois, je relevais le défi de courir mon premier marathon à Paris. Une expérience incroyable dont je vous faisais part sur le blog. Depuis, je n’ai pas vraiment pris de récupération car j’avais une autre date importante au calendrier : la course du Viaduc de Millau qui se tenait hier. Une course qui me faisait de l’œil depuis quelques temps déjà, sûrement pour ce qu’elle représente à mes yeux : la liberté. La liberté de courir suspendu dans les airs mais aussi dans le temps, perchés en altitude avec le vide sous nos pieds, et une vue imprenable sur les montagnes. J’étais plus qu’impatiente d’y participer et de savourer ce moment magique, même si cela restait un challenge : 23,7km en « nature » avec mes premiers vrais dénivelés. PHOTO1

 

  • Avant la course

L’aventure commence vendredi, en embarquant pour Montpellier accompagnée de mes deux plus fidèles supporters : mes parents. Dans mon sac, j’ai réuni toutes les affaires indispensables pour ma course : tenue, baskets, certificat médical, camelbak, crème nok pour éviter les ampoules, crème relax pour détendre mes cuisses et mes mollets, mes gels énergétiques mais aussi mes flocons d’avoine et mes briques de lait d’amande, pour préparer mon porridge le jour J. Anticipation totale, je ne laisse rien passer pour suivre mon petit rituel avant une course.

Arrivés à Montpellier, nous sommes accueillis par un grand soleil et un ciel bleu, qui nous permet de pleinement profiter de notre séjour dans le sud. Trinquer (au coca zero) en terrasse, dîner à l’extérieur, puis le lendemain, flâner dans les rues, profiter des points de vue… Un avant-goût d’été, qui me fait presque oublier ce qui m’attend le lendemain. C’est seulement samedi en fin d’après-midi, en prenant le volant direction Millau pour récupérer mon dossard, que la pression commence à monter gentiment. Le genre de pression positive, qui ressemble plus à de l’excitation qu’à de l’appréhension, surtout en apercevant au loin le Viaduc. Ca y est, je réalise… et j’ai hâte !

Je profite du retrait du dossard pour regarder un peu mieux le parcours de la course et tenter d’en savoir plus sur ces dénivelés que je redoute tant. Le plus dur semble être sur la première partie de la course, à partir du 6ème km, avec une (vraie) côte sur 2,5km pour atteindre le Viaduc. Après ça, nous faisons un aller-retour sur le Viaduc (2,5km aller et 2,5km retour) puis retournons sur Millau. Tout se joue donc sur la première partie du parcours, il va falloir rester sage sur les premiers kilomètres pour garder du jus ! Le dossard en poche, nous partons directement pour Meyrueis, où nous passons la nuit. En route pour une heure de voiture, des routes de montagne, et des virages en épingle. Dépaysement assuré.

En arrivant, je me rends compte que la ville accueille une bonne partie des runners de la course, venus pour la plupart en groupe. Et au dîner, révélation quand je vois leurs tables : pinte de bière, saucisses, et île flottante pour conclure bien sûr. « Tu vois que tu te prends la tête ! », me lance ma mère amusée. Bon, elle a peut-être raison, mais ça fait partie de mon « rituel » d’avant course, qui ne me fait certainement pas courir beaucoup plus vite mais me permet d’arriver l’esprit serein (et le corps quand même plus léger). Ce sera donc plat de pâtes nature pour moi, un abricot en dessert et beaucoup d’eau bien sûr. Extinction des feux à 23h30, car le réveil est programmé à 6h20 et le départ à 7h.

  • Le jour de la course

Dimanche matin, la météo n’est plus la même : ciel gris et températures fraîches. « Tant qu’il ne pleut pas, ça va ». Les voitures remplies de runners se suivent sur la route qui mène à Millau. Pendant le trajet, je mange mon porridge « minute », cuit au micro-onde chez la boulangère du coin, avec quelques dattes achetées la veille sur le marché. Je fais le plein d’énergie pour tout donner 2h plus tard. Arrivée sur Millau, j’ai le plaisir de constater que la ville est envahie de tous côtés par des runners, hommes et femmes, plus ou moins âgés, plus ou moins « affutés », mais tous déjà gonflés à bloc. On se dirige vers les sas de départ qui ont l’avantage d’être beaucoup plus simples d’accès que sur les grosses courses parisiennes.

  • La course

A 9h10, le départ est donné. Je me rend compte que je ne me suis fixée aucun objectif ni d’allure spécifique : ce sera « juste pour le plaisir ». Dès les premiers mètres, j’assiste déjà à quelques embouteillages, le rythme ralentit et les routes étroites ne permettent pas de doubler facilement. Je reste sage derrière tous ces runners qui connaissent mieux que moi la côte qui nous attend. Vers le 5ème km, nous apercevons le fameux Viaduc, perché tout là-haut, qui nous donne l’impression d’être si petits face à lui. Je réalise qu’« il va falloir monter tout ça ! », et la pression monte d’un cran. PHOTO2 Quelques mètres plus tard, les choses sérieuses commencent avec le début de l’ascension. Certains décident de marcher, et les autres y vont tranquillement. Je me surprends à tenir le coup, sans constater de douleurs musculaires, et avec un rythme cardiaque qui ne s’emballe pas. Le chemin est en lacets, avec des virages à 180° et encore une fois des routes très étroites. Je me faufile tant bien que mal entre les runners, tout au long de cette ascension qui n’en finit pas.

A ce moment-là, je bénis mes séances de musculation qui font pleurer mes cuisses et mes fessiers, mais qui semblent payer à chaque course et particulièrement pour celle-ci. Un peu après le 8ème km, nous atteignons l’aire d’autoroute de Millau, et le premier ravitaillement. En quittant l’aire, nous accédons un peu après au tant attendu Viaduc. Les sourires reviennent et on lit sur les visages un sentiment de soulagement et d’accomplissement quand on accède à ce pont perché à 300m au-dessus du Tarn. Chacun immortalise le moment, avec un selfie ou une photo de groupe. Je ne déroge pas à la règle et j’en profite pour filmer et photographier ce beau Viaduc avant de repartir. PHOTO3 Je comprends que les 2,5km pour parcourir le viaduc sur sa longueur vont être périlleux : nous sommes sur un faux plat (pente à 3%) et le vent souffle très fort. J’ai le sentiment d’être une tortue et j’ai encore du mal à mettre de la vitesse. J’avance malgré tout, sans me mettre la pression, en profitant simplement du panorama magnifique et de la bonne ambiance de la course.

Arrivés au bout du Viaduc, nous faisons demi-tour et la course s’inverse désormais : enfin de la vitesse grâce à la route en descente et au vent qui nous souffle dans le dos. J’essaie de maîtriser ma foulée mais ce n’est pas simple, j’ai l’impression de perdre le contrôle. En quittant le Viaduc, je me retourne pour admirer une dernière fois ce beau symbole et je continue ma course. Je me dis que « c’est dans la poche maintenant », surtout en passant le second ravitaillement, toujours sur l’aire d’autoroute, au 17ème km. Mais les surprises continuent : il reste encore du dénivelé et quelques jolies côtes à monter. On s’accroche, et on garde un rythme plus soutenu pour les 6 derniers km.

Puis on entame la descente, bien raide. Si j’avais anticipé la difficulté des montées, j’avais clairement sous-estimé celle des descentes. Je l’avais vu uniquement comme un moyen de rattraper le temps perdu sur la première partie du parcours mais pas du tout comme un exercice spécifique, qui demande une certaine technique… Que je n’avais pas. Je sentais le choc sur les articulations à chaque impact, et notamment aux genoux. Je ne sais pas non plus quoi faire de mes bras, qui n’ont plus besoin de propulser mon corps. J’ai donc pris soin, sur la fin du parcours, d’utiliser ma sangle abdominale et mes bras pour stabiliser mon corps, pour descendre sans me laisser emportée.

Au 21ème km, la foule de supporters nous accueille et je croise mes parents qui me donnent envie de me dépasser davantage. Revenue sur un parcours plat, je garde une allure soutenue (4’50) jusqu’à la ligne d’arrivée. L’ambiance est magique et je sens cette dose d’adrénaline m’envahir, cette satisfaction de sortir à nouveau de ma zone de confort, de me faire un peu mal aussi. Je passe la ligne d’arrivée le souffle court, et heureuse comme tous les autres runners qui m’entourent. Quelques mètres plus loin, la fameuse médaille du finisher m’attend et je savoure ce moment précieux. 

Je réfléchis au souvenir que je souhaite mettre derrière cette médaille. Sans hésitation, j’y place toutes ces vues sur le Viaduc mais aussi sur le retour, que je n’ai pas pu photographier. J’y associe aussi ma première course hors ville,  mes premiers vrais dénivelés, et ma première course sur « pont ». Je rentre de Millau remplie de bonne énergie, prête à relever de nouveaux challenges. Mais en attendant, place à la récupération, que mes jambes ont bien mérité 😉

C.