Fitness, Instagram, influenceurs... Pourquoi tant de haine ?
Hi 🙂
Les « influenceurs ». Un mot qui sonne comme un buzz word, ou plutôt un « bad word » à en croire les réactions particulièrement virulentes vis-à-vis d’eux. Et tout particulièrement dans le secteur du fitness où l’on constate un agacement de plus en plus important, de tous les côtés : de celui du grand public qui perçoit un aspect « fake » dans la communication qu’un influenceur peut entretenir avec eux ; du côté des professionnels (les coachs, les athlètes…) qui ont le sentiment de se faire doubler par des amateurs qui n’ont pas leur niveau d’expérience et d’expertise ; du côté des marques aussi qui veulent bénéficier de la visibilité des influenceurs pour démocratiser et médiatiser leurs produits / services / événements mais peinent à construire des relations pérennes avec eux ; et enfin, du côté des influenceurs eux-mêmes, qui ont conscience que la course aux likes et aux abonnés est devenue incontournable pour émerger et réussir, en ayant conscience de tout ce que cela entraîne (poster souvent, se démarquer, se livrer personnellement,…).
Ces tensions sont devenues tellement importantes au cours des dernières années, que l’on pourrait presque aujourd’hui se sentir gêné de tenir un blog ou un compte Instagram dans le fitness. « Ah encore un/e qui passe plus de temps à se prendre en photo qu’à s’entraîner », « Tiens, un/e blogueur/se de plus qui s’exprime sans savoir »… Et je reste soft 😉
C’est pour éviter (ou du moins, limiter) ce type de réactions et ce manque de légitimité que j’ai voulu me former au métier de coach sportive, à peine un an après avoir lancé mon blog. C’est pour devenir crédible et légitime que j’ai toujours veillé à entretenir un bon niveau de connaissances, à me former, à apprendre des autres coachs, à vérifier mes sources,… Et c’est pour éviter d’être catégorisée que j’ai toujours veillé à poster des contenus pertinents et professionnels, sans dépasser la limite du « voyeurisme » sur les réseaux sociaux, en trouvant le juste équilibre entre vie privée et « vie digitale ». Je ne suis pas la seule dans ce cas, beaucoup d’autres influenceurs ont des parcours remarquables et font quand même l’objet de critiques au quotidien.
J’en ai fait l’objet l’an passé : ma crédibilité et ma légitimité ont été violemment remises en question par des personnes qui ne me connaissaient, et n’avaient à aucun moment pris la peine de lire mes articles, de consulter mon parcours, et encore moins de me rencontrer en personne. A leurs yeux, je n’étais pas légitime à cause de mon parcours différent du leur, et de ma présence sur les réseaux sociaux qui n’a fait qu’envenimer la situation. Comme beaucoup d’autres, ils ont pensé que notoriété et légitimité ne pouvaient pas cohabiter, et surtout : que construire sa carrière grâce aux réseaux sociaux était un signe de superficialité et de fraude. Même si 99,5% des messages que je reçois au quotidien sont tous positifs et bienveillants, je dois avouer que j’ai été choquée et blessée de la dureté des critiques que l’on a pu me porter, et de la façon dont cela s’est fait.
C’est clairement suite à cet épisode que j’ai compris combien le secteur du fitness, à côté des valeurs qu’il prône, pouvait être rempli de jalousie et de frustration. Des coachs frustrés de peiner à trouver des clients pendant que des influenceurs se remplissent les poches (ou la plupart du temps, arrondissent simplement leurs fins de mois) avec des programmes en ligne ; des athlètes frustrés de ne pas dégoter de sponsors ou de ne pas être sous les feux des projecteurs pendant que d’autres sportifs amateurs retiennent l’attention des médias et du grand public ; des personnes frustrées à cause des nombreux fantasmes qu’ils se font du monde du blogging (et non les amis, je ne gagne pas ma vie grâce à mon blog, loin de là).
Je peux comprendre d’une certaine façon, mais c’est malheureusement comme cela que les choses fonctionnent et ont toujours fonctionné. Car non, il ne s’agit pas d’Instagram, ou de réseaux sociaux en général, tout est simplement une question d’image.
Et encore plus quand on l’applique au fitness, où l’on fait forcément référence au corps, à l’esthétique et à l’apparence (aux performances aussi, mais avouons-le : le physique reste une case à cocher pour avoir une bonne image dans le fitness). Les réseaux sociaux n’ont fait qu’accélérer ce phénomène et augmenter l’importance de l’image dans notre vie : on veut être bien vu, on veut montrer un bel aspect de notre vie, on veut recevoir des retours positifs sur notre personne, que cela nous rende heureux ou nous pourrisse malheureusement la vie. Et c’est en travaillant cette image, qu’une marque émerge, qu’un produit se vend, qu’une personne devient influente.
Après l’image, on trouve une autre composante majeure : la proximité. Encore une fois, une marque appréciée est une marque proche de son public (prenez Innocent, Michel & Augustin,…). Il en va de même pour les influenceurs. Si les influenceurs réussissent, c’est parce qu’ils acceptent de se livrer, de partager leur quotidien, leurs habitudes, leurs coups de cœur… Et il ne faut pas voir cela comme quelque chose de calculé ou de vénal : on peut aimer partager avec les gens et exposer une partie (plus ou moins intime) de sa vie sans rien attendre en retour. Ce n’est pas un défaut, simplement un trait de personnalité selon moi. Et cette proximité fait qu’aujourd’hui, le grand public se tourne naturellement plus vers des personnes qu’ils connaissent et qu’ils apprécient, sans forcément prêter attention à leurs performances et à leurs exploits sportifs, sans forcément chercher à savoir s’ils sont diplômés en France ou dans un autre pays. Ici, c’est le sentiment de confiance et d’appartenance qui prend le dessus et qui fera que d’autres personnes, certainement très méritantes ou au palmarès impressionnant, resteront dans l’ombre.
Alors avant de critiquer ces influenceurs, il faut avant tout se demander ce qui vous énerve vraiment : eux ou les réseaux sociaux en général ? Leur personnalité et les messages qu’ils diffusent, ou tout simplement ce jeu d’image et de proximité propre aux réseaux sociaux ? Et question encore plus sensible mais que je pose quand même ici : arriviez-vous à construire ne serait-ce qu’un quart de ce qu’ils ont réussi à construire en ligne ? Auriez-vous la créativité, la discipline et l’énergie que cela requiert ?
Je ne cherche à défendre personne ici et encore moins à attaquer des personnes en particulier, mais je pense honnêtement que ces tensions et cet agacement vis-à-vis des influenceurs sont dus à un agacement global vis-à-vis de la façon dont nous communiquons en 2019, et de l’impact que les réseaux sociaux peuvent avoir sur notre vie. Oui, ils permettent à certaines personnes d’être visibles sans forcément avoir de « superpouvoirs », mais simplement à la force de leur personnalité et grâce à leurs capacités de communiquer. On peut être un influenceur ET être un très bon coach aussi, on peut préparer les JO ET utiliser les réseaux sociaux.
Alors confrères coachs, chers athlètes qui pourraient me lire, chers sportifs passionnés, ne soyez pas fâchés et arrêtez d’en vouloir aux influenceurs. S’ils vous dérangent, arrêtez de les suivre tout comme vous zapperiez face à une émission qui vous déplaît. A la place, gardez en tête que les réseaux sociaux sont une réalité qui n’est pas prête de s’effacer. Vous n’êtes pas forcés de prendre part au voyage, mais vous ne pouvez pas critiquer (ou insulter) les personnes qui le font. Si cela vous ronge intérieurement et vous obsède, peut-être est-ce simplement parce qu’il sommeille en vous une part d’envie inconsciente ou pleinement assumée ? Que cette envie soit justifiée ou fantasmée.
Quoiqu’il en soit, il faut se rappeler que les réseaux sociaux offrent de l’image et de la visibilité, et que la légitimité et l’expertise de chacun se construit sur le terrain. Ne confondons pas tout : on peut être un influenceur et tout de même exceller en tant que coach ou en tant que sportif, amateur ou professionnel. Finalement, il y a toujours eu (et il y aura toujours) des coachs qui font mal leur travail, des personnes qui se survendent, d’autres qui se prétendent coachs, des personnes imbues de leur personne, des personnalités qui nous déplaisent, des personnes qui aiment s’exhiber… Et cela n’a, à aucun moment, à voir avec le nombre de followers que l’on peut avoir sur les réseaux.
Peace 😉
C.
Je lis tellement de commentaires haineux sur tous les sujets que cela m’écœure. Merci pour cet article et pour ton compte qui est honnête et motivant (il aura aussi eu le mérite non négligeable de me faire sortir de l’impasse réorientation en me faisant découvrir la PCA à Bruxelles)!
Finalement les jaloux/envieux/frustrés du quotidien ont tjs existés. La différence étant qu’aujourd’hui ils s’expriment plus facilement. Bonne chance à Sydney !
Merci pour ton commentaire qui fait plaisir à lire ! Et bravo pour ta réorientation alors 🙂
Bonjour Clélia,
Je viens de prendre connaissance de ton article qui avait été relayé sur les réseaux sociaux. Je rebondis sur ta vision des coachs jaloux et frustrés. Je ne suis pas de ton avis. Nous avons la chance d’exercer un métier avec beaucoup de potentiel, il y a de la clientèle pour tout le monde. Là où certains montent au créneau, c’est parce-que tu peux être une bonne coach, avec une bonne pédagogie, une belle image, une formation à l’étranger, si tu donnes des cours contre rémunération en France, tu n’as tout simplement pas le droit, c’est la loi. Il faut avoir un diplôme d’Etat qui t’autorise à donner ces cours, c’est comme ça. Les influenceurs Fitness diplômés ne se plaignent pas de tels retours négatifs car ils exercent légalement le métier. Il me semble que tu es partie en Australie, les lois sont certainement différentes. Bonne continuation !
Alexandra
Bonjour Alexandra,
Merci de réagir à mon article et de partager ton point de vue. J’entends bien tes points, et je comprends que certaines personnes soient montées au créneau, mais il y a des façons de faire. Appelons ça de la bienveillance, ne pas juger sans connaître et ne pas chercher à rabaisser les gens dans les démarches que l’on entreprend. Car être non diplômé et être diplômé d’un autre pays, cela est quand même différent, même si beaucoup de personnes ayant passé le BPJEPS ont parfois été bercés avec une toute autre philosophie.. 😉 Dans tous les cas, je dispose désormais d’un diplôme d’Etat et d’une carte professionnelle, donc le soucis est réglé.
Concernant les autres influenceurs, qu’ils soient coachs ou pas, malheureusement ils sont eux aussi amenés à rencontrer les mêmes soucis et les mêmes comportements déplacés. Je les côtoie assez pour le savoir.
Oui je suis en Australie actuellement, et cela fait un grand bien 🙂
Je te souhaite une bonne continuation.
Clélia
Je comprends tellement ce que tu as pu ressentir. Je suis également passée par là. Les remarques singlantes, les préjugés, le besoin de se justifier, le sentiment d’imposture ressenti parfois. Alors en tant que perfectionniste, ça m’a poussée à aller toujours plus loin afin d’être plus pointue. J’ai réussi à tourner ça en quelque chose de positif et à en apprendre des leçons tout comme toi. Ces expériences qui peuvent paraître négatives forgent le caractère. Tu es une Audacieuse super déterminée. Une inspiration, continue comme ça !