L'impact du stress chez le sportif
Hi 🙂
On entend beaucoup que le stress est le grand mal du siècle : il a le don de puiser toute notre énergie, de nous rendre angoissés et parfois même malheureux. Si le sport m’a bien apporté une chose, c’est la capacité à évacuer ce stress et à mieux le gérer au quotidien. Quand j’ai débuté le fitness, j’évoluais dans un cadre professionnel relativement stressant : pas mal d’heures de travail, beaucoup de réunions, de deadlines, de résultats à atteindre… Cette grosse heure que je passais à la salle de sport après le travail est rapidement devenue mon exutoire. Depuis, j’ai changé de vie et de travail, mais le stress reste malgré tout présent dans ma vie, par périodes. Et chaque fois que le stress prend le dessus (consciemment ou inconsciemment), mon corps perd instantanément la bataille.
Si je cherche à compenser ce stress par des entraînements un peu plus intenses, les douleurs musculaires ou articulaires apparaissent et c’est la blessure à coup sûr. Avec le recul, j’ai compris que la plupart du temps, les périodes de blessures étaient précédées par une phase de grosse fatigue et de stress. J’ai appris, grâce à mes erreurs du passé, à m’écouter et à ménager mon corps dans des périodes particulièrement chargées et stressantes.
Parce qu’il est important d’avoir conscience de ce lien étroit entre stress / fatigue mentale et blessures, j’ai voulu y consacrer un article sur le blog. Pour cela, j’ai échangé avec Mauraine Carlier, docteur en psychologie cognitive et psychologie du sport. Son travail porte, entre autres, sur l’étude des facteurs psychologiques et cognitifs prédisant l’occurrence des blessures chez les coureurs. Un entretien passionnant que je partage avec vous aujourd’hui !
1/ Peux-tu nous expliquer ce qu’est le stress ?
Au niveau physiologique, le stress est le résultat d’une activation de notre corps afin de le préparer à affronter une menace présente dans notre environnement. La réaction de stress nous permet d’activer nos ressources (physiques et psychologiques) afin de faire face à la menace. Chez nos ancêtres, être stressé signifiait préparer notre corps à affronter des menaces telles que combattre ou chasser un animal ou survivre après une catastrophe environnementale. Chez nous, ce type de stress émerge lorsque nous devons passer un examen ou un entretien d’embauche. A court terme, être stressé est bénéfique puisque nous pouvons faire appel à toutes nos ressources afin d’agir et toujours continuer à avancer.
Mais le stress dont on entend souvent parler est ce que l’on appelle en psychologie, le stress chronique. C’est lorsqu’un stress aigu ne disparaît pas et qu’il continue à activer notre corps comme si la menace existait toujours. Au niveau physiologique, cette activation continue n’est toutefois pas tenable puisque notre corps n’est pas fait pour cela. En effet, quand nos ancêtres stressait pour combattre la menace, une fois combattue celle-ci n’existait plus. Le corps pouvait alors retourner à son niveau de calme d’origine, mais aujourd’hui cela n’est plus possible. Nous vivons dans un monde en constante évolution qui nous fait croire que nous devons être performant en continu et donc stressé notre corps en continu. Si ça n’est pas le travail, c’est la famille. Si ça n’est pas la famille, c’est la société qui nous dit de nous comporter comme ceci ou comme cela. Et par-dessus tout, lorsque l’on souhaite prendre du temps pour nous, comme décidé de faire du sport, la société n’arrête pas de nous dire de pratiquer comme ceci ou comme cela. Nous sommes alors dans un état de stress constant, persuadés de ne jamais être assez, de ne jamais être suffisant. Notre notre corps n’étant pas fait pour résister à ce type de stress constant, la majorité des gens se sentent épuisés (physiquement et mentalement) à longueur de temps.
2/ Comment le stress peut-il impacter un sportif?
En sciences, le simple fait de se mettre en mouvement est un facteur de stress. Physiologiquement, cela s’explique par le fait que se mettre en mouvement lors d’un exercice physique c’est faire passer son corps d’un état de repos à un état d’activation. C’est pourquoi, la reprise du sport ou le début d’une séance est souvent synonyme de difficulté, parfois de déplaisir ou de souffrance. Au fur et à mesure des entraînements par contre, le corps s’habitue à faire face à ce changement entre un état de repos et un état d’action. C’est pourquoi, plus l’on pratique, plus les sensations négatives du début d’entraînement disparaissent avec le temps.
Je viens de vous parler du stress physique que peut provoquer un exercice physique mais qu’en est-il du stress psychologique? Le stress psychologique associé à l’exercice physique est souvent associé à la notion de performance. Chez les sportifs il est souvent relié à la nécessite/volonté d’atteindre des objectifs de compétition. Un stress à court terme sera positif car il permettra au sportif d’augmenter ses compétences le moment venu. A l’inverse, un stress chronique le fatiguera et le freinera dans l’atteinte de ses objectifs.
Chez les individus non sportifs, la sensation de stress est souvent le résultat d’une difficulté à devenir physiquement actif bien qu’ils le doivent pour leur santé.
3/ Peut-on faire un lien entre certaines blessures / douleurs et des préoccupations personnelles ?
Nous savons que lorsque l’on vit une émotion, celle-ci est vécue au niveau corporel. Par contre, la recherche scientifique n’a pas encore permis de démontrer un lien pouvant exister entre la fréquence d’une émotion, l’activation corporelle qui y est associée et la survenue de blessures. Vous pouvez toutefois vous informer sur les théories non occidentales, comme la médecine chinoise, qui fait le lien entre les émotions et les douleurs corporelles.
En littérature chinoise, le bassin serait le siège de nombreux champs énergétiques (appelés chakras) reliés à l’ancrage sur terre. Un sentiment d’insécurité général peut alors vous faire vaciller (tant physiquement que psychologiquement), amenant de possibles douleurs dans les jambes, genoux et pieds. Mais attention à toujours prêter attention aux propos que l’on peut lire et s’assurer que les auteurs sont formés pour cela et se basent une littérature ayant fait ses preuves (articles scientifiques, livres ancestraux concernant des méthodes de soins traditionnelles et ayant fait leurs preuves dans la population dans laquelle elles sont utilisées).
4/ Du coup, la grande question, c’est comment peut-on apprendre à gérer son stress?
Apprendre à gérer ce stress n’est pas une chose facile. Le gérer et l’apprivoiser passe par un apprentissage long et régulier.
La méditation de pleine conscience peut nous aider à changer notre regard sur les potentielles menaces qui nous entourent et à décider de prendre du recul par rapport à elle. Les études scientifiques montrent aujourd’hui que les personnes qui méditent sont celles qui sont le moins stressées, les plus heureuses et qui ne se sentent plus esclaves du monde stressant qui les entoure.
L’exercice physique (à juste dose) est également une excellente méthode pour nous aider à dé-stresser. La raison est simple : en faisant du sport vous apprenez à votre corps à faire face à la difficulté et à y remédier. Vous apprenez également à votre système cardiovasculaire à réagir à l’effort important ou à la menace. De cette manière, lorsqu’au travail ou à l’extérieur de chez vous vous êtes face à une menace, vous êtes physiquement prêts à la gérer rapidement et efficacement sans que cela ait un effet trop important sur votre corps.
Pour finir, la gestion du stress peut passer par une communication verbale et non verbales avec ses proches. Se faire prendre dans les bras, se sentir aimé(e), apprécié(e), reconnu(e), soutenu(e) et considéré(e) comme capable de faire face à notre quotidien nous permet de sécréter une hormone appelée sérotonine qui est responsable du sentiment de bien-être.
Merci Mauraine d’avoir accepté de répondre à mes questions. J’espère que cette interview vous aura plu tout autant que moi 😉
C.