L'importance de la mobilité

Hi 🙂

 

On vous parle beaucoup d’étirements et de souplesse, mais encore trop peu de la mobilité. Elle est pourtant tout aussi importante. Si vous voulez avoir un bon exemple de mobilité, il vous suffit d’observer un bébé ramper, marcher à quatre pattes, s’accroupir… et son aisance à faire tous ces mouvements. Si vous l’imitez, vous constaterez que ces mouvements ne sont plus aussi fluides, voire même impossibles à reproduire. 
Pour vous aider à mieux percevoir l’utilité d’une bonne mobilité, j’ai posé mes questions à Alban Lasuy, masseur-kinésithérapeute au cabinet KinéLouvre à Paris. De quoi enrichir vos connaissances et optimiser votre approche de l’entraînement 😉

Deep Squat

1/ Comment peut-on définir la mobilité articulaire ?

La mobilité articulaire peut se définir par le mouvement total qu’une articulation rend possible. C’est l’amplitude offerte par une articulation entre 2 os. On parle beaucoup d’amplitude articulaire mais cette dernière dépend surtout des tissus mous conjonctifs : la capsule de l’articulation, les ligaments, muscles et fascias en rapport avec cette articulation.

2/ Beaucoup confondent souplesse et mobilité. Peux-tu rappeler la différence ? 

Nous utilisons le terme de souplesse lorsque nous parlons des muscles. Pour être plus précis, il faudrait parler d’extensibilité, la capacité d’un muscle à être allongé. Nous pouvons alors parler d’hypoextensibilité quand le muscle est « raide » et limite alors la mobilité ou alors d’hyperextensibilité à l’inverse.

Nous pouvons quantifier une mobilité en mesurant l’angle entre 2 segments de notre corps qui s’articulent ensemble. Mais attention, il faut comprendre que cette mobilité ne sera pas la même en fonction de la position de notre corps. Pour s’en rendre compte, il suffit d’effectuer une flexion du genou vers la poitrine en position allongée sur le dos, puis en position debout. Dans le second cas, la mobilité sera limitée par les muscles biarticulaires (le droit fémoral, un chef du quadriceps, qui passe par la hanche et par le genou) qui limitent la flexion de genou quand il est étiré.    

3/ Pourquoi perd-on sa mobilité naturelle ?

Le corps (ou plus précisément les tissus mous) a la propriété naturelle de se rétracter dans la position dans laquelle il est. C’est pourquoi on immobilise le corps après une entorse par exemple, pour permettre la cicatrisation.

Ainsi, nous perdons notre mobilité lorsque nous n’entretenons pas, par le mouvement, les amplitudes articulaires que nous offre notre anatomie. Du coup, une personne assise toute la journée devant son ordinateur perdra en mobilité d’extension de hanche, puisqu’il est en flexion de hanche la plupart du temps. On retrouvera aussi souvent cette personne avec les épaules enroulées, et une perte de mobilité en ouverture thoracique.

4/ Le sport peut-il, lui aussi, avoir un impact néfaste sur cette mobilité ?

En renforçant un muscle, nous le raccourcissons et le rendons moins extensible. Nous perdons alors en mobilité si nous ne faisons pas le travail nécessaire pour garder l’extensibilité du muscle. Dans un deuxième temps, si ce muscle limite la mobilité articulaire pendant un certain temps, les ligaments et fascias vont à leur tour limiter la mobilité articulaire.

5/ A quoi la mobilité nous sert-elle, dans le sport et au quotidien ?

La mobilité articulaire dite fonctionnelle dépend de chaque personne, de sa génétique, de son passé, de son environnement, de sa vie quotidienne… S’il existe un déficit de cette mobilité, le mouvement est limité et le risque de blessure devient plus important.

Des études scientifiques montrent par exemple qu’une flexion dorsale de cheville (ramener sa cheville vers le haut) limitée est une cause majeure de tendinopathie d’Achille. Ce même déficit peut engendrer un déficit de mobilité du genou et entraîner une usure asymétrique du cartilage du genou, et des tendinopathies patellaires et ainsi de suite au niveau de la hanche, dos, épaules… Il faut bien comprendre que toutes les parties de notre corps sont liées et que le moindre déséquilibre a un impact beaucoup plus important qu’on ne le pense.  

6/ On parle beaucoup de mobilité dans certaines disciplines comme le Crossfit. Penses-tu que la tendance va s’élargir aux salles de fitness, et qu’elles proposeront bientôt des cours de mobilité au même titre qu’un cours de stretching ?

Je pense que ce serait super qu’il y ait des cours de mobilité et de foam roller dans les salles de fitness car c’est avant tout un excellent moyen de mieux connaître son corps et d’auto-traiter ses douleurs ou ses gênes. Plus on apprendra à écouter son corps, plus on limitera ses blessures. 

Et ce qui est vraiment intéressant avec ces techniques, c’est qu’il existe un effet réflexe sur bien d’autres régions du corps que celle que l’on masse. C’est tellement complexe mais en passant par exemple le foam roller sur la chagrinère thoraco-lombaire (en dessous de l’attache du soutien-gorge), on agit d’une manière sur le diaphragme, ce qui permettra de mieux respirer et même de faciliter la digestion. Intéressant non ? 😉

7/ D’ailleurs, à quelle fréquence devrait-on travailler sa mobilité ?

Chaque corps a ses propres propriétés. Nous ne sommes pas tous égaux sur ce point. Le plus important est d’être à l’écoute de son corps. Certains auront besoin de travailler leur mobilité quotidiennement surtout sils ont des déficits de mobilité importants. D’autres seulement 1 à 2 fois par semaine pour s’entretenir et agir en prévention de blessures.

Maintenant que la notion de mobilité est claire pour vous, je pourrai partager avec vous, dans un deuxième article, plusieurs exercices qui permettent de développer la mobilité des articulations, notamment des hanches, des épaules, des poignets et des chevilles. 

C.

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