Coaching : l'art de corriger

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S’il y a une chose frustrante pour un coach, c’est de ne pas parvenir à corriger un client ou un élève dans un cours. On a beau lui expliquer et lui montrer le mouvement, mais il ne parvient pas à le réaliser correctement. Une frustration finalement partagée pour les deux parties : le coach tourne en rond et le client s’impatiente. Je présume que tout coach qui me lira se reconnaîtra dans cette situation. L’art d’enseigner et plus précisément de « corriger » (« cueing » en anglais) est une compétence indispensable pour tout coach, une compétence qui se travaille sur le (très) long terme à force d’expérience.

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Tout commence par savoir quoi regarder. « Mettez votre casquette de coach » nous disait-on lorsque je me formais au métier de coach sportif. Je me souviens à quel point je paniquais lorsque ce formateur s’approchait de moi et me demandait « alors, dis-moi, que vois-tu sur son mouvement ? C’est évident pourtant ! ». J’avais beau réfléchir de toute mes forces et regarder encore et encore, je n’en avais parfois aucune idée. Puis j’ai appris à développer cet œil de coach qui parvient à remarquer le détail en seulement quelques secondes. Mais aussi la façon dont se placer autour de la personne pour correctement regarder, sans pour autant être trop insistant et côtoyer la limite du « creepy ».

Le haut du dos qui s’arrondit, le bas du dos qui se creuse, les talons qui se décollent du sol sur un squat, le placement de la nuque, l’engagement des muscles profonds, le contrôle du mouvement… Oui, ça fait beaucoup de choses à checker en quelques secondes mais à force de voir les personnes bouger, les réflexes se développent.

Maintenant que l’on sait quoi regarder, il faut savoir quand corriger. Et cela devient un véritable challenge quand vous donnez des cours avec une trentaine de personnes et repérez des choses à corriger tout autour de vous. On se demande qui corriger en priorité et qui peut continuer à bouger sans trop risquer de se blesser. Assez triste à dire, mais c’est la réalité. On doit alors apprendre à mesurer très rapidement le « degré d’urgence ». Par exemple : entre un dos rond sur un deadlift relativement lourd et une pompe avec des coudes trop ouverts et un corps pas suffisamment gainé. Dans ce cas-ci, c’est assez évident, mais cela l’est moins dans d’autres situations.

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Bien sûr, savoir quand corriger ne s’applique pas seulement qu’aux cours en groupe. Cela s’applique bien sûr aussi aux coachings privés ou en small groups. Dans ces cas-là, il s’agit surtout de savoir gérer le « cueing » et prioriser. Quel message veut-on surtout faire passer ? Certains coachs voudront parler dès qu’ils verront quelque chose à corriger : « Garde tes talons au sol. OK, contracte tes abdos maintenant. Ah et sers bien tes omoplates. Rappelle-toi, garde tes talons au sol ! » Imaginez toutes ces informations en l’espace de quelques secondes, pour une personne en plein effort, qui essaie de coordonner son cerveau et ses muscles. Même si vous aurez l’impression de bien faire votre métier, c’est totalement l’angoisse pour votre client et contre-productif pour vous deux. Il faut choisir un point majeur sur lequel se concentrer, et procéder étape par étape.

Il faut aussi apprendre à prendre sur soi et rester parfois silencieux, même si le mouvement n’est pas parfait dès les premières répétitions ou les premières séries. Laisser notre client pratiquer et apprendre, et ne finalement pas abuser du « cueing ». On m’a donné, lors d’une récente formation, le très juste exemple de l’enfant qui apprend à faire du vélo. Si son père ou sa mère lui crient dessus en lui disant constamment comment mieux faire, il finira par détester le vélo et ne plus jamais vouloir essayer. Si on le laisse essayer par lui-même, malgré quelques potentielles chutes, il finit par comprendre certaines choses et se corriger instinctivement. Il faut donc trouver un juste milieu entre le degré d’urgence du « cueing » et la pertinence du « cueing ». Encore une fois, cela vient avec l’expérience bien heureusement.

Et enfin, comment corriger. C’est certainement la partie la plus importante puisque comme le dit très bien EXOS dans sa formation : « Anyone can see when it’s wrong, but it takes a coach to know how to make it better. » (Tout le monde peut voir une erreur, mais seul un coach saura comment la rectifier). Corriger, ce n’est pas partager un défaut, c’est amener la solution appropriée pour la personne en face de nous.

On vous l’a certainement déjà dit, mais il existe 3 principaux profils d’apprentissage :

  • visuel (voir le mouvement / l’imaginer)
  • auditif (dire ou entendre les consignes)
  • kinesthésique (ressentir les choses)

Le premier (visuel) revient à faire la démonstration du mouvement et le second (auditif) à l’expliquer à vive voix. Dans notre façon d’expliquer, on pourra être très terre-à-terre (« Basculez les hanches vers l’arrière pour vous placer dans votre position de deadlift ») ou très imagé (« Imaginez que vous avez les mains pleines et que voulez fermer la porte de votre frigo restée ouverte avec vos fesses »). Croyez-moi, ces détails imagés sont un trésor pour faciliter la compréhension et ont, en plus, l’avantage de faire sourire nos coachés.

Enfin, le dernier profil (kinesthésique) va occuper une partie très importante dans nos techniques de coaching puisque nous devrons lui faire ressentir les choses. Pour cela, on utilise des exercices pédagogiques (que l’on appelle « drills ») qui décortiquent le mouvement et facilitent la compréhension et l’exécution. Il sera important de demander (au bon moment) si la personne ressent une différence et si oui, laquelle. Plutôt que d’assumer que tout est clair et compris. Je ne vais pas lister ici les nombreux drills qui existent, c’est impossible car ils sont bien trop nombreux. J’en réunis désormais un certain nombre grâce aux différentes formations que j’ai pu passer, des contenus que j’ai pu consulter en ligne, ou tout simplement en inventant moi-même. Gardez ces drills précieusement, et même si vous ne les utilisez pas chaque jour dans vos coachings, ils vous seront toujours d’une grande utilité pour attendre l’objectif de tout coach : rendre un mouvement compris et maîtrisé, avant de le rendre plus complexe.

Clélia