Mois Sans Tabac : et si le sport était votre meilleur allié ?
Hi 🙂
En novembre, c’est le mois sans tabac. Une bonne initiative du gouvernement pour inciter les fumeurs à éteindre leur cigarette une bonne fois pour toute. Certains utiliseront les fameux patchs nicotine, d’autres se tourneront vers l’hypnose ou la cigarette électronique. Mais si le sport devenait le meilleur allié pour s’arrêter de fumer ? Je me suis entretenue avec Delphine Law To Lagasse, médecin du sport et traumatologue au centre médical La Fontaine à Montrouge, et elle me dit tout sur le lien entre sport et tabac.
- Pouvez-vous nous parler des méfaits du tabac sur l’activité physique ?
Le tabac a 3 impacts négatifs sur l’activité sportive.
Le premier, et sûrement la plus connue, c’est que le tabac diminue la capacité respiratoire pulmonaire. Le monoxyde de carbone de la cigarette prend la place de l’oxygène sur les globules rouges, et provoque une hypoxie permanente, c’est-à-dire un manque d’oxygène. Avec l’âge, la capacité respiratoire diminue naturellement, que l’on soit fumeur ou non. Mais celle d’un fumeur sera naturellement réduite, et le sera d’autant plus à partir de 35 ou 40 ans.
Dans le schéma ci-dessous, on représente la courbe du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) en fonction de l’âge, chez le fumeur et le non-fumeur. Les résultats sont flagrants, notamment à partir de 40 ans où le volume expiratoire chute considérablement.
Le tabac a aussi un impact sur les performances musculaires. La fibre musculaire devient moins performante, de moins bonne qualité, et réduit le fonctionnement des terminaisons nerveuses qui provoquent la contraction musculaire.
Et enfin, l’endurance (c’est-à-dire la résistance à un effort soutenu) devient moins nettement moins bonne.
- Comment le sport peut aider à mieux arrêter ?
Tout d’abord parce que l’activité physique est un temps non-fumeur. Le fumeur n’a pas à résister à l’envie de fumer quand il pratique une activité physique.
Ensuite, on sait que bien souvent, l’arrêt du tabac provoque une prise de poids. C’est totalement normal puisque le tabac est un anorexigène, autrement dit un coupe-faim. En arrêtant de fumer, l’appétit revient et on prend quelques kilos. En pratiquant une activité physique, on pourra se dépenser et éliminer pour limiter voire éviter cette prise de poids.
Et enfin, le sport est un incroyable anxiolytique : en s’entraînant, on sécrète des endorphines qui ont un effet anti-stress. Cela permet de lutter contre la dépendance que le fumeur peut ressentir.
- Quelles sont les recommandations aux fumeurs qui souhaitent se mettre au sport ?
Pour répondre à cette question, il faudra différencier les gros fumeurs (plus de 15 cigarettes par jour) des fumeurs plus modérés (moins de 15 cigarettes par jour). Pour les gros fumeurs, surtout s’il est âgé de plus de 35 ans, il faudra privilégier le sport modéré : 1 à 2 fois par semaine avec 30 à 40 minutes maximum d’endurance. Cela peut être de l’elliptique, de la marche soutenue, du pilates, de l’aquagym… Leur capacité respiration étant réduite, le risque d’accident cardio-vasculaire devient plus important. Il est donc recommandé d’éviter les activités très intenses et très cardio.
Je pense aussi que les fumeurs de plus de 35 ans devraient faire un bilan médical poussé (un test d’effort et un électrocardiogramme) avant de commencer le sport ou si on court régulièrement plus de 10km. Ces examens peuvent être réalisés dans une clinique ou un hôpital, par un médecin du sport. Il coûte 120 euros et n’est malheureusement pas remboursé par la sécurité sociale, mais il peut sauver des vies.
- En arrêtant de fumer, peut-on espérer retrouver rapidement de bonnes sensations et « limiter la casse » ?
Totalement ! Après 20 minutes de l’arrêt du tabac, la tension artérielle et le pouls diminuent. Au bout de 24h, le monoxyde de carbone est complètement éliminé des poumons, ce qui facilite la respiration.
Au bout de 48h, l’odorat et le goût commencent à se rétablir, et le taux de nicotine est expulsé de l’organisme. Les terminaisons nerveuses dans les fibres musculaires redeviennent normales et la contraction redevient plus optimale. Au bout de 72h, les bronches se dilatent et la capacité pulmonaire augmente.
Après environ 9 mois, les poumons se régénèrent à 50%, c’est-à-dire qu’ils redeviennent comme neufs. La toux et l’essoufflement s’arrêtent, et on gagne 30% en capacité pulmonaire. Après 10 ans, le risque de cancer du poumon d’un ancien fumeur est égal à celui d’un non-fumeur. Après 15 ans, le risque d’infarctus d’un ancien fumeur est égal à celui d’un non-fumeur.
Je pense que vous avez les clés pour vous convaincre ou convaincre un proche d’arrêter le tabac et de miser sur le sport 😉
Merci à Delphine Law To Lagasse pour son temps et pour toutes ces informations précieuses.
C.