Premier Marathon. Plus qu’une course, une expérience de vie.

Hi 🙂

Hier était un jour particulier pour moi puisque je courais mon tout premier marathon. 42,195km de course à pied dans les rues de Paris, à travers le bois de Vincennes et le bois de Boulogne. Mais qui serait assez fou pour relever un tel défi ? C’est la question que mon entourage m’a posée et aussi celle que je posais quelques années plus tôt à mes proches qui se lançaient dans cette aventure. Jamais je n’aurais imaginé être un jour marathonienne. 

Puis la confiance s’est peu à peu installée, au fil des ans, après plusieurs semi-marathons et une pratique sportive plus assidue. La frustration aussi, il y a exactement un an, de ne plus pouvoir courir pendant plusieurs semaines n’a fait que confirmer mon besoin de courir tout simplement. Alors quand les inscriptions pour le Marathon 2016 ont débuté, une douce voix a fini par me murmurer à l’oreille « Et pourquoi pas toi ? ». Oui après tout, pourquoi pas moi. Moi que l’on ne qualifiait pas vraiment de sportive petite, moi qui ne me pensais pas capable de courir un 10km quatre ans plus tôt, moi qui pensais ne plus jamais courir il y a peu. 

On ne vit qu’une fois alors, fonçons et on verra bien. Ca passe ou ça casse, comme on dit. Inscription validée en septembre, dossard en poche (sas des 4h), l’aventure commence.

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  • La préparation 

Me voici donc embarquée dans une préparation sur plusieurs semaines. Contrairement à certains, je n’ai pas suivi un programme à la lettre, mais je m’étais fixée de faire au minimum 3 sorties par semaine, dont une sortie longue (entre 15 et 17km). L’enjeu pour moi était surtout de ne pas me blesser à nouveau, et c’est pourquoi j’ai accordé une place très importante à la musculation et aux étirements dès le départ. Je devais me construire un corps solide: des fessiers plus forts, des cuisses plus puissantes, un dos en béton, pour protéger mes genoux, mes hanches et mon dos. 

Je devais aussi penser à la récupération active, avec des séances d’étirements et d’automassage, pour soulager ces jambes que je maltraite bien souvent 😉 

 

 

En plus de mes 3 sorties par semaine, je gardais donc 3 à 4 séances en salle, dont une séance de musculation bas du corps et une séance de musculation haut du corps. Le reste de mes séances était principalement des cours collectifs comme le GRIT (force ou cardio), le Body Pump et le TRX.

Puis, à partir de décembre, j’ai intensifié mes sorties en intégrant enfin du fractionné. C’était un peu ma bête noire auparavant, et je manquais cruellement de régularité. Je faisais du fractionné de temps en temps, uniquement sur tapis, et avec des intervalles très courtes (30 à 45 secondes). Puis j’ai réalisé qu’il était grand temps de sortir de ma zone de confort, surtout quand je voyais passer les séances de mes amis runners sur Facebook. J’ai donc consacré une de mes 3 sorties au fractionné. J’ai commencé par du 8×1 minutes, avec les 20 minutes d’échauffement et les 20 minutes de retour au calme. Les premières séances n’étaient pas simples mais je prenais du plaisir à me dépasser et j’étais chaque fois fière de moi. Cela me motivait à continuer. Je me suis ensuite mise au 400m sur stade, en commençant par du 6x400m (aïe), puis en passant progressivement vers du 8x400m (aïe aïe) puis du 10x400m (triple aïe). Mais j’ai fini par y prendre goût : c’était la séance durant laquelle j’allais me dépasser et pouvoir aller vite. 

 

 

Oui car cette notion de vitesse est l’indicateur indispensable d’une préparation marathon. Moi qui, jusque-là, courrais toujours au même rythme (entre 5’10 et 5’20), j’ai vite compris que mon allure ne pouvait être la même sur une séance de fractionné et une sortie de 2h. J’allais devoir connaître mes différentes allures, et m’adapter pour gérer mon effort, en fonction des séances et de leurs objectifs.

En parallèle, mes sorties longues deviennent plus longues, en ajoutant chaque semaine 10 à 15 minutes supplémentaires. Que c’est long! Quand j’atteins les sorties de 2h, je comprends que je dois changer 3 choses:

  • ralentir, pour être plus constante et ne pas finir avec des jambes en coton. Je m’oblige donc à courir entre 5’40 et 5’50 tout au long.
  • trouver des parcours plus longs pour éviter de réaliser plusieurs boucles qui rendent cette sortie interminable
  • m’équiper d’un camelbak, car je perds de l’énergie à chercher en vain une fontaine sur le parcours. Et après 1h30 sans boire, logiquement, les performances et les sensations ne sont plus aussi bonnes…

 

 

A partir de début février, j’augmente le niveau d’un cran en passant à du fractionné long (3x2000m) qui, pour le coup, me sort totalement de ma zone de confort. Le souffle est court, les jambes piquent,… Mais la fierté après chaque séance vaut cette souffrance d’un instant 😉 Sur les sorties longues, j’atteins les 2h15, avec une allure modérée, et toujours avec de bonnes sensations. Mes séances en salle de sport deviennent un peu moins fréquentes (3 par semaine) et surtout, je délaisse le Body Pump pour donner un peu de repos à mes jambes qui commencent à faiblir.

Viennent ensuite mes vacances au Mexique, de fin février à mi-mars. J’en parlais sur le blog à travers deux articles (le premier et le deuxième), mais ces vacances ont été très sportives comme vous pouvez l’imaginer. Je courais un jour sur deux en général, dès le réveil pour pouvoir profiter du reste de la journée, et dans des conditions différentes d’une ville à l’autre : la ville à Mexico, l’altitude à San Cristobal de Las Casas, la chaleur à Oaxaca et à Tulum… 

Mais j’ai pris énormément de plaisir à courir l’autre bout du monde. Au total, j’ai comptabilité 91km pendant mon séjour et je suis rentrée sur Paris à 3 semaines du marathon, reposée et motivée comme jamais! Dès le lendemain de mon retour, je pars courir 2h30 (la sortie la plus longue de ma préparation) avec le bonheur de retrouver Paris et mes parcours favoris.

2 semaines avant le marathon, c’est la dernière sortie longue (2h15) avant de rentrer dans une période de récupération, pour « faire du jus » comme on dit. Mon corps en a bien besoin. Je diminue mon kilométrage, je modère mes séances en salle, et j’en profite aussi pour aller chez la pédicure (mes pieds en avaient bien besoin) et chez le kiné (qui masse ce fascia lata hyper tendu). 

A une semaine du marathon, la frustration commence à se faire ressentir: je rêve d’une sortie longue ou d’un bon fractionné, je retiens mon envie d’aller me défouler au CMG Sports Club. Bref, je suis frustrée et je compense avec la tonne de travail que j’ai à côté. Finalement, la semaine passe vite et me voici à J-3, une autre date importante dans la préparation puisqu’il faut adapter son alimentation pour faire des réserves d’énergie (glycogène). J’ai voulu suivre le conseil de certains runners en essayant la cure de Malto, une poudre que vous diluez dans de l’eau, et dont vous devez consommer 1,5L les 3 jours avant la compétition. Mais au bout d’une matinée, je me sentais barbouillée et je n’avais plus faim du tout. J’ai donc préféré abandonné l’idée et faire ça dans les règles de l’art : du riz et des pâtes ! Autant vous dire que je ne me sentais pas au top de ma forme avec cette semaine quasiment sans sport et ces repas si riches en glucides.

Finalement, à J-1, j’avais juste HÂTE. Hâte de me lancer, hâte de retrouver une vie « normale », hâte de passer à autre chose… Alors la veille de la course, contrairement à mon premier semi-marathon, j’ai dormi comme un bébé. Aucun mal à m’endormir, et aucun réveil durant la nuit. Je me lève donc en pleine forme et prête à tout donner.

  • Le jour J

Le matin, sous la douche, je repense à cette belle aventure qui, finalement, a commencé bien avant ce jour tant attendu. Tous ces entraînements, seule, souvent sous la pluie ou dans le froid. Cette rigueur que je m’étais imposée (beaucoup moins d’alcool, de sorties, et très peu d’écarts). Je visualisais ma motivation pendant mes vacances au Mexique, de partir courir seule dans des villes que je ne connaissais pas, sans parler un mot d’espagnol. J’étais déjà fière de moi et de ce que j’avais accompli, avant même de franchir la ligne d’arrivée.

Arrivée sur la place de l’Etoile, à 8h45, je m’imprègne de cette énergie autour de moi, j’observe les autres runners en imaginant tout le chemin qu’ils ont eux aussi dû parcourir pour être ici aujourd’hui. Puis le départ est donné, sous un soleil magnifique et des températures très élevées pour la saison. Je comprends que mes entraînements au Mexique vont m’aider à affronter cette chaleur inattendue (je courais quelques semaines plus tôt 15km sous 38 degrés, en short et en brassière avec mon camelbak).

Sur les 10 premiers km, je regarde régulièrement ma montre pour vérifier que je ne pars pas trop vite. « Jamais en dessous de 5’40 Clélia », « Garde du jus pour la suite ». Arrivée au 21e km, les sensations sont excellentes et je me dis que la course commence vraiment maintenant. J’ai la chance d’être accompagnée par mon ami Ibou qui me suivra jusqu’à l’arrivée. Au 30ekm, et le fameux « mur », les jambes commencent à tirer un peu mais je me rappelle certaines séances en salle où la douleur était bien plus importante. Je me dis qu’il me reste encore de la marge avant que cela se joue uniquement au mental. Je croise aussi ma famille, mes amis et mon copain, dans sa tenue de running, qui s’élance à mes côtés. Je lui avais demandé de se tenir prêt « au cas où » parce que je savais qu’à ses côtés, je ne renoncerai pas. Alors pour ces 12 derniers km avec mon copain et Ibou, je ne craquerai pas, je ralentirai si besoin, mais je ne marcherai pas. C’est le deal que je me suis fait.  

A partir du 35e, les runners deviennent de plus en plus nombreux à marcher ou à s’arrêter pour étirer leurs mollets. Au 38e km, mes jambes commencent à sérieusement chauffer, et les petites douleurs musculaires ont laissé place à des crampes. « 7km, c’est rien Clélia », c’est ce que je me répète. Mon allure est beaucoup plus lente qu’au début (autour de 6’15 / 6’30), je grimace, je souffle, mais je m’accroche. Je repense à toutes ces choses qui me rendent « invincibles »: mes proches, les quelques épisodes difficiles de la vie, les personnes qui n’ont pas la chance de courir comme moi aujourd’hui… Bref, le mental est activé pour me permettre d’avancer sur les derniers km. 

A l’approche du 42e km, je souris à mon copain et à Ibou, en me disant que « ça y est, je l’ai fait », et je décide d’accélérer une dernière fois pour franchir la ligne d’arrivée vidée d’énergie mais fière et sans regrets. 

 

  • L’arrivée

Les émotions sont énormes, j’ai du mal à retrouver mon souffle, je lâche une larme et surtout, je remercie mon copain et Ibou qui m’ont accompagné jusqu’au bout. Je ne leur dirai jamais assez merci. La douleur dans les jambes est terrible, j’avance tant bien que mal pour récupérer mon tee-shirt et ma médaille qui font officiellement de moi une finisher. 

 

 

Comblée et émue, je me dirige vers la sortie où m’attend mon copain et je m’effondre en pleurs dans ses bras. Des pleurs nerveux, une respiration coupée par les émotions, et ses mots qui seront toujours plus précieux que cette médaille: « je suis tellement fier de toi ». Ma famille et mes amis ne tardent pas à me rejoindre et leur enthousiasme me comble. C’est si fort de les avoir réunis ici alors qu’ils ont mis si longtemps à comprendre ma passion pour le sport et les sacrifices que je m’imposais. Je lis la fierté dans les yeux de mes parents, comme si leur ancienne inquiétude pour mon avenir s’était envolée.

Au lendemain de mon premier marathon, je suis toujours comblée et j’en redemande. Bien sûr, je vais me laisser le temps de récupérer, avant de poursuivre mes entraînements pour la prochaine course au calendrier : la course Eiffage du Viaduc de Millau, le 22 mai. Qui va avaler du dénivelé ces prochaines semaines ? 😉 

Je tiens à dire un grand bravo à tous les marathoniens! Quelque que soit votre temps, soyez fiers de ce que vous avez accompli. Cela en dit long sur votre volonté et votre détermination. Un énorme merci à toutes les personnes qui m’ont encouragée et soutenue, c’est grâce à chacun de vos messages que j’ai pu prendre confiance en moi et me lancer dans une telle aventure.

C.