Psychologie & Sport : décryptage
“Ça se joue au mental”, “C’est dans le tête”, “On ne lâche rien”. Si les muscles jouent un rôle important dans la performance sportive, il faut avouer que le mental est finalement tout aussi décisif. Je me suis récemment intéressée un peu plus en profondeur à ce que voulait vraiment dire le mot “mental” et savoir s’il était inné ou si on pouvait le travailler. En découlent plusieurs questions : sommes-nous d’emblée pourvus ou dépourvus de mental et donc plus ou moins prédisposés au sport ? Faut-il avoir certains traits de caractère pour exceller dans une discipline versus une autre ? Toutes ces questions peuvent sembler philosophiques et superflues pour certains mais elles font l’objet de nombreuses années d’études par des psychologues du sport. Et pour ma part je trouve ça captivant ! 🙂
Pour creuser ce très riche sujet, j’ai entamé la lecture d’un ouvrage de référence : “Psychologie du sport” de Richard H. Cox. C’est un (très) gros bouquin qui aborde les grands principes de la psychologie du sport, à la fois son histoire mais aussi les théories des psychologues et les notions clés comme le caractère, l’accomplissement, la capacité à gérer le stress, la personnalité, la cohésion dans le sport… Bref, c’est très complet et passionnant, et il me faudra plusieurs semaines pour le lire intégralement.
Mais je retiens déjà quelques notions importantes, que je partage ici avec vous et qui pourront à votre tour nourrir vos connaissances et votre approche de la performance.
- la première notion clé en psychologie du sport : la personnalité.
On considère que la personnalité d’un individu est unique et stable dans le temps et décrit l’ensemble des comportements régulièrement affichés. Donc par définition, la personnalité d’un individu ne change pas tout au long de sa vie. C’est important pour un entraîneur de pouvoir évaluer la personnalité du sportif, pour mieux l’accompagner et le coacher. Il existe différents tests d’évaluation de la personnalité, pour les individus ou bien spécifiquement pour les sportifs.
- les psychologues du sport ont aussi étudié si ces traits de personnalité nous prédestinaient ou non à être sportif.
Les psychologues ont émis des suppositions à ce sujet : suite à leurs recherches, ils ont conclu que le sportif était naturellement plus objectif, plus indépendant et moins anxieux que le non sportif.
Ils ont aussi remarqué que l’on pouvait associer certains traits de personnalité à des sports, et notamment entre les sports individuels et les sports collectifs. Certains ont pu démontré que les athlètes pratiquant un sport collectif sont plus anxieux, plus indépendants, plus objectifs mais moins sensibles que les adeptes de sports individuels.
Enfin, les psychologues du sport ont observé que plus le niveau des sportifs était élevé (amateur vs athlète olympique), plus les sportifs partageaient les mêmes traits de personnalité.
- il y a 2 grandes notions qui correspondent à la définition que l’on donne généralement au “mental”.
La première est l’intelligence émotionnelle, qui décrit la faculté de maîtriser ses émotions et l’accroissement de l’humeur positive et de l’estime de soi. Elle comprend la capacité à percevoir et exprimer des émotions, à les assimiler des émotions, les comprendre et les analyser, et enfin à les maîtriser. Certains psychologues du sport considèrent que chacun peut acquérir ces capacités, contrairement aux traits de personnalité qui sont eux stables et constants.
La seconde notion qui se rattache au mental du sportif, c’est la résilience. Elle définit la force d’un individu à affronter et vaincre l’adversité (qui correspond aussi bien à une blessure, un épuisement physique, un effondrement des performances…). Le sportif développe sa résilience grâce à différents processus comme la protection, la positivité de soi, le défi, la relance… Des notions que l’on retrouve aussi bien dans le sport que dans la vie de tous les jours.
Une publicité de Nike qui met en avant la résilience
- en psychologie du sport, la performance sportive est appelée “comportement sportif”, et tous sont d’accord pour dire qu’elle ne dépend pas seulement des traits de personnalité.
Il existe d’autres facteurs décisifs :
– les facteurs comportementaux donc les capacités physiques et motrices
– la situation / l’environnement
– l’interaction entre la personne et la situation : la façon dont une personne va réagir face à la situation à laquelle elle est confrontée
Il faut donc faire cette équation pour pouvoir prédire la performance. Parfois, la situation est telle qu’elle éclipse totalement l’influence de la personnalité sur la performance. On parle alors du paradoxe de la personnalité. Le meilleur exemple (et c’est celui cité dans le bouquin) est certainement celui du lancer franc ultra décisif à la fin d’un match de basket-ball, quand toute l’attention est pointée sur vous.
Une référence du lancer franc avec MJ
Ca fait quand même pas mal de notions intéressantes sur notre capacité à tous de progresser, de nous surpasser et de devenir plus performants. Je suis persuadée qu’en maîtrisant mieux qui nous sommes, on peut prévenir certaines situations compliquées ou stressantes. Et pas besoin d’être un sportif de haut niveau pour cela. La préparation pour une course, un régime alimentaire contraignant, un entraînement difficile, un plateau de progression en musculation…
La psychologie du sport est une notion clé pour les coachs sportifs qui accompagnent chaque jour des personnes pour les aider à atteindre leurs objectifs : devenir plus actifs, se préparer pour une compétition, perdre du poids… En prenant en compte la personnalité et la capacité de résilience, un coach sportif pourra s’adapter à chaque client et l’accompagner au mieux. Bien sûr, c’est une science à part qui fait l’objet d’études et de recherches, et on ne peut pas se dire “psychologue du sport” simplement parce que l’on a lu un bouquin. Mais c’est toujours enrichissant de creuser des sujets comme ceux-là pour mieux comprendre le sport et la performance. Vous ne trouvez pas ?
C.