Rétrospective : la course à pied, 40 ans en arrière

Hi 🙂

Si aujourd’hui la pratique de la course à pied rime avec running, VMA, legging et appli, cela n’a pas toujours été le cas. Je me suis récemment demandé à quoi la course à pied pouvait bien ressembler il y a 10, 20, 30, voire 40 ans…, avant qu’elle ne devienne une vraie tendance en France et à travers le monde.

Pour le savoir, j’ai rencontré Dominique Chauvelier (surnommé “Chauchau” par ses confrères sportifs), athlète français de 58 ans et quadruple champion de France de marathon (rien que ça !). Coureur depuis ses 13 ans, il a connu la folle tendance du jogging dans les années 70 et celle du running plus récemment, en sachant toujours s’adapter et encourager les nouveaux adeptes de ce sport, qui ne cesse d’évoluer.

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Quand Dominique Chauvelier a commencé à courir, à la fin des années 60, la course à pied était à mille lieues de ce qu’elle est aujourd’hui. Bien sûr, les équipements n’étaient pas les mêmes et les pratiquants pas aussi nombreux, mais surtout, ce sport n’avait pas la réputation qu’on lui confère actuellement. “Quelqu’un qui courait dans les rues était considéré comme fou” raconte Dominique. “A l’époque, la course à pied se pratiquait exclusivement dans les clubs, mais certainement pas seul et sur le bitume.”

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70’s : Le jogging rend la course à pied accessible et tendance

Puis, peu à peu, la pratique s’est démocratisée. Dans les années 70, débarque en France le jogging, venu tout droit des Etats-Unis, qui séduit de nombreux adeptes dont des célébrités. Jusqu’alors, la course à pied avait été réservée à une poignée de sportifs et sportives de haut niveau qui, comme Dominique, pratiquaient l’athlétisme en club avec rigueur et passion, et participaient à des compétitions.

Avec cette nouvelle tendance, la course à pied s’ouvre à un plus large public, qui souhaite faire du sport simplement, en ville comme à la campagne. “On commençait à voir des gens courir dans les bois, dans les rues, dans les parcs, à toute heure de la journée”, se rappelle Dominique.

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Cette tendance du jogging va se propager largement et connaître un vrai boom à la fin des années 70. Des grands événements consacrés à la course à pied voient le jour, notamment dans les grandes capitales du monde entier. En 1976, le marathon de Paris fait ainsi son apparition. A cette date, seulement une petite centaine de participants prenaient le départ, contre plus de 40 000 venus du monde entier aujourd’hui. Pour Dominique et d’autres athlètes, “ce n’était à nos yeux qu’un effet de mode, sur lequel nous pouvions surfer”.

Je vous invite d’ailleurs à regarder ce superbe extrait du journal de télévisé de TF1 qui date de 1979, consacré à la mode du jogging. Vous constaterez sans trop de difficulté l’évolution de la pratique 😉

80’s : L’arrivée massive des marques de sport

Puis les premières marques de sport vont faire leur apparition. Nike se lance outre-atlantique en 1972 mais il faudra attendre les années 80 pour que la marque soit vraiment connue en France. Les athlètes comme Dominique deviennent les premiers Ambassadeurs de ces marques émergentes : “On venait nous voir pendant les championnats pour nous proposer de porter la marque Nike, alors qu’on n’en avait jamais entendu parler.”

Nike, et les autres marques de vêtements de sport, ont radicalement fait évoluer les équipements des coureurs : “Jusque là, on avait toujours couru avec des tee-shirts et des survêtements en coton, des chaussures en daim et en caoutchouc, et un kway en cas de pluie”, se souvient Dominique. “On voyait arriver des équipements totalement nouveaux pour nous, avec des tissus innovants et des designs audacieux. Je me rappelle par exemple du tout premier collant pour homme, c’était vraiment bizarre de courir pour la première fois avec quelque chose d’aussi moulant !”, s’amuse-t-il.

Fin 80’s / début 90’s : les premières montres conçues pour la course à pied

Puis c’est au tour de la technologie de faire son apparition et de mettre sur les devants de la scène ce qui est aujourd’hui la pièce maîtresse du running : la performance.

“A l’époque, les mots running, jogging ou VMA n’existaient pas.”

On surveille tous de prêt nos performances, à chaque sortie ou à chaque compétition, grâce aux montres ou aux applications. Encore une fois, ce n’était pas dans les habitudes des coureurs de l’époque. “On prenait notre temps sur la piste grâce à un chrono à aiguille que l’on tenait à la main, et on notait nos performances sur un carnet posé sur la ligne d’arrivée.”

En 1977, la marque Polar fait son apparition et elle lance en 1982 la Sport Tester PE2000, premier moniteur de fréquence cardiaque sans fil, puis en 1984 la Sport Tester PE3000, qui a l’avantage de pouvoir être connectée à un ordinateur.

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Autour de 2010 : l’arrivée du running

Si la frontière entre le jogging et le running reste très superflue, elle existe bel et bien. Le jogging consiste à courir à une allure modérée, à trottiner, alors que le running intègre la notion de vitesse et de performance. Le jogging permet de se dépenser simplement alors que le running, lui, va plutôt consister à faire un chrono, à battre un record personnel.

Le coureur à pied d’aujourd’hui a surtout un profil de Finisher, et moins celui d’un athlète.”

C’est depuis seulement quelques années que le phénomène du running a pris le pas sur le footing : le nombre de courses à pied en compétition ouvertes au grand public a explosé (la Fédération Française d’Athlétisme en compte 800 labellisées) et le nombre de participants avec.

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“Beaucoup de coureurs participent régulièrement à des compétitions, certains quasiment toutes les semaines, constate Dominique. Les courses sont devenues des moments conviviaux, où les gens se retrouvent et célèbrent une victoire. Ils participent avant tout pour passer un bon moment et pour le plaisir que cela leur procure, et c’est tant mieux !”.

Constat : la course à pied, c’était mieux avant ?

Avec autant d’évolution, on pourrait imaginer que les coureurs “du début” soient nostalgiques de l’époque où la course à pied n’était pas devenue un tel business. Pour Dominique, ce n’est pas le cas : il voit cette évolution comme une chance, “une tendance sur laquelle surfer”.

Comme il l’explique, “je me suis adapté au fil des années aux mutations de la course à pied. Aujourd’hui, j’utilise les équipements innovants proposés par les marques de sport, j’entraîne, je conseille et je continue à participer aux courses aux côtés des nouveaux coureurs en tant que meneur d’allure.”

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Et même si la course à pied s’est totalement transformée, Dominique n’en reste pas moins optimiste sur son avenir qui, selon lui, tient principalement de l’essor de la course à pied auprès des femmes (qu’il qualifie de “plus sérieuses, plus rigoureuses, plus mesurées” > +1 pour Chauchau !) et dans les entreprises, pour rassembler et fédérer les gens tout simplement.

La course à pied a donc de beaux jours devant elle et c’est tant mieux pour nous ! Il serait donc grand temps d’arrêter de parler d’un “effet de mode” puisqu’il dure depuis plusieurs décennies. Et peut-être que dans 30 ou 40 ans, nous pourrons, à notre tour, témoigner de l’évolution de ce sport comme Dominique l’a fait pour nous 🙂 

C.