VIVRE SA PASSION A UN PRIX
Hi 🙂
J’entends beaucoup de personnes dans mon entourage ou sur les réseaux sociaux me dire que j’ai « de la chance de vivre de ma passion ». Et à cela, je réponds souvent que je vis ma passion au quotidien mais que je n’en vis pas encore, loin de là même. Il faut dire que le métier de coach sportif peut en faire rêver plus d’un : on travaille dans un secteur qui nous inspire et qui nous passionne, et on fait quelque chose d’utile au quotidien (contrairement à l’époque où je passais des heures en réunion à débattre sur le slogan de la prochaine campagne d’un client). Coach sportif est un métier passionnant qui attire de plus en plus, et qui m’a convaincu de quitter mon CDI il y a plus de 2 ans (et je n’ai jamais regretté cette décision depuis). Vous êtes très nombreux à m’écrire pour me faire part de votre envie de sauter le pas à votre tour, et je vous répondrai toujours en vous encourageant, car la vie est trop courte pour ne pas faire ce que l’on aime. Mais je rappelle aussi souvent que vivre sa passion a un prix. Ne voyez aucun pessimisme dans cet article : je souhaite simplement partager une vérité que l’on ne voit pas forcément quand on observe le métier de coach sportif de l’extérieur.
On le voit passer sa journée confortablement en tenue de sport, animer des sessions en plein air, papoter avec ses clients, partager ses connaissances, inspirer son entourage… Il y a pire, je vous l’accorde. Mais il faut vraiment vivre ce métier pour le comprendre profondément et réaliser qu’être coach sportif, c’est aussi commencer tôt le matin et finir tard le soir, et bien souvent se rendre disponible le week-end. C’est aussi courir entre deux studios ou entre deux parcs, pour respecter l’une des règles majeures de ce métier : la ponctualité. C’est devoir s’entraîner en heure creuse quand on le peut et où on le peut. C’est donner beaucoup d’énergie aux autres, et en garder peu pour soi. C’est un style de vie à prendre et une organisation à avoir mais on s’y fait assez facilement, et cela ne doit pas constituer un frein à se lancer dans une carrière de coach sportif.
Non, selon moi, le point important dont on ne parle pas assez avec transparence et honnêteté, c’est l’aspect financier. Aïe, un sujet que l’on n’aime pas aborder en France, mais qui est tellement important quand on se forme à un métier. Comment savoir si ce métier nous permettra de payer nos factures et de se s’octroyer quelques plaisirs ? Comment s’assurer que l’on pourra faire ce métier quand on décidera d’avoir des enfants ou de devenir propriétaire ?
On a tous lu cet article qui parle de ce coach qui gagne 1 million de dollars à l’année et qui roule en Porsche uniquement grâce aux coachings. Oui ce coach existe sûrement, mais ce n’est pas la réalité pour la plupart des coachs sportifs. La réalité, c’est que beaucoup de coachs sportifs enchaînent les heures pour pouvoir vivre correctement ou ont une seconde activité en parallèle des coachings (ce qui est mon cas depuis le début, avec le freelance en communication, sans quoi je ne pourrais pas développer autant de projets en autonomie pour le blog).
Certains coachs choisissent de donner des cours en salle de sport pour bénéficier d’un CDI et complètent leurs revenus avec du coaching privé à domicile ou avec des sessions en petit groupe en extérieur. Mais dans ce cas, il faut savoir se vendre, et ce n’est pas inné pour tout le monde : on ne sait pas forcément comment définir son offre, fixer ses tarifs, démarcher de nouveaux clients, les fidéliser, être globalement plus visible, rester rentable… Certains ont tellement du mal à trouver des clients qu’ils voient leurs confrères non plus comme des alliés mais comme des concurrents, des personnes qui pourraient potentiellement leur piquer leurs clients. Au lieu de s’entraider et de collaborer, ils s’isolent. Certains n’osent même pas demandé de l’aide ou des conseils autour d’eux. Un véritable cercle vicieux! C’est dommage car comme on le dit souvent dans le sport : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Puis il y a aussi ceux qui profitent de cet emploi du temps flexible pour se consacrer pleinement, au même titre qu’un athlète, à leurs entraînements quotidiens voire biquotidiens, jusqu’à réaliser qu’ils n’ont défini aucun plan de carrière et qu’ils n’ont rien construit de pérenne pour durer professionnellement, à 20 ans comme à 50.
Des situations dont il faut parler pour ne pas tomber dans une situation précaire et frustrante après seulement un an ou deux. Encore une fois, cet article ne veut pas dire : « renoncez à ce métier ». Non, surtout pas, il est beaucoup trop épanouissant pour oser dire ça. Et si c’était à refaire, je referais mille fois le même choix tellement cette vie m’épanouit aujourd’hui. A travers cet article, je veux simplement rappeler que vivre sa passion a un prix, dans le secteur du sport comme dans celui de la musique, du théâtre ou dans toute forme d’entreprenariat. Que tout n’est jamais rose, peu importe le métier, aussi passionnant qu’il puisse être. Que vivre de sa passion nécessitera de rester motivé, confiant, impliqué et patient.
Si ce métier vous fait rêver, formez-vous mais parlez aussi avec d’autres coachs sportifs pour savoir à quoi ressemble ce métier de l’intérieur. Les retours d’expérience et les échanges constructifs sont encore trop rares en France, alors que nous devons nous entraider. Alors je me lance : les coachs sportifs qui me lisent, parvenez-vous à ce jour à vivre confortablement grâce aux coachings ? Et qu’est-ce qu’il vous manque aujourd’hui pour passer à l’étape supérieure, quelle qu’elle soit ?
C.